Deux livres pour le prix d’un, aujourd’hui. Deux recueils de haïku, le premier consacré à Issa, le second à Bashô. Alan W. Watts, le philosophe et écrivain américain disait que le haïku sert à « décliner le merveilleux sentiment de vacuité d’où surgit l’évènement ». En d’autres termes, atteindre à la plénitude par la méditation, devenir zen. C’est sans doute pourquoi cette forme poétique est si courte, elle est elliptique et suggestive, délaissant l’inutile.
Issa, (Kobayashi Nobuyuki aussi appelé Yataro, 1763 – 1827) a écrit des haïku d’une grande finesse. Ils sont donnés en version calligraphiée, en version japonaise moderne pour apprécier la fluidité des 17 syllabes, puis en traduction.
Kagebôshi mo
mane sokusai de
kesa no haruMon ombre elle aussi
est au meilleur de sa forme
matin de printemps
****Nodokasa ya
asama no kemuri
hiru no tsukiUn calme parfait –
fumée du mont Asama
lune de midi****
Harusame ya
nezumi no naremu
sumida gawa
Pluie de printemps
une souris lapant l’eau
fleuve Sumida****
Tsuyu no yo wa
tsuyu no yo nagara
sari nagaraCe monde de rosée
est un monde de rosée
pourtant et pourtant
Ce dernier haïku, le plus célèbre d’Issa, montre toute la profondeur de son esprit zen.
Bashô (1644 – 1694), est le poète classique le plus célèbre du Japon et n’a pas son pareil pour « saisir » l’instant comme un photographe qui travaillerait avec des mots.
Samidare ni
tsuru no ashi
mijika nareriDans les pluies de Mai
les pattes de cette grue
se sont raccourcies !
****Inazuma ni
satoratu hito no
tôtosa yoDevant un éclair
l’homme qui ne comprends pas
est bien admirable
****Kumo ori-ori
hito o yasumuru
tsukimi kanaParfois des nuages
viennent reposer
ceux qui contemplent la lune****
Meigetsu ya
ike o megurite
yomosugaraLune d’équinoxe
tournant autour de l’étang
la nuit entière.
J’espère vous avoir fait partager un peu mon amour pour les haïku.
Ces deux livres, « Bashô : cent onze haïku » et « Issa : haïku » sont parus chez Verdier éditeur et sont disponibles à la médiathèque.
Blackbird.